L’avis de l’expert

Expertise réalisée à la demande du collectif par Didier FAUGUET, sculpteur sur pierre, Meilleur Ouvrier de France, restaurateur de Monuments Historiques, initiateur du Sentier des Arts de la Vallée des Peintres sur la commune de Saint-Plantaire dans le Département de l’Indre.

Quel granite ?

E C’est le leucogranite de Crozant pris sur place

EC’est une pierre à gros grains avec beaucoup de défauts, beaucoup de « fils », de « lits » qui peuvent faire se casser spontanément la pierre (lignes de quartz et de micaschistes dans le granite) et provoquer des microfissures de la pierre. L’humidité rentre dedans soit par le haut, soit par le bas. C’est tout le problème de la fragilité de ces pierres qui se délitent, même en surface. D’une part elles peuvent perdre des grains et d’autre part, « le granit gorgé d’eau devient tout mou ».

ECe granite est moins difficile à travailler que des granites très denses comme le granite bleu des carrières du Maupuy.

ECette moindre densité lui permet dans une certaine mesure d’absorber les coups du tailleur de pierre, mais, attention, pas les coups des épareuses !

Quelles pierres utilisées pour sculpter les croix ?

E On a souvent utilisé des pierres de surface : pierres plates horizontales dans la terre qui affleurent avec deux faces presque droites, on n’a plus qu’à rectifier légèrement les faces et tailler les contours : on économise ainsi du temps.

E On a aussi utilisé des pierres en mille-feuilles ou « en piles d’assiettes » que l’on peut cliver assez facilement.

ELes bras horizontaux sont assez courts du fait de la largeur des pierres employées.

EÀ la base, le morceau de granite est brut. La partie du morceau destinée à être plantée dans le sol n’est pas fignolée.

N.Bà ce sujet : Il serait intéressant de vérifier que toutes les croix retrouvées entières ont bien le pied peu dégrossi. Si c’est le cas, cela voudra dire que toutes les croix étaient fichées et qu’aucune n’était posée sur une base.

Les sculpteurs ?

EDidier FAUGUET estime à un mois le temps nécessaire pour faire une croix.

EParmi les croix observées, certaines semblent avoir été taillées avec un souci de symétrie, d’autres ont été fabriquées de manière plus grossière. Certaines croix ont nécessité de la virtuosité et sont le fait de maitres dans leur art, d’autres sont fabriquées plus grossièrement. Elles semblent avoir été réalisées par des « apprentis ».

EDans notre contrée, depuis des siècles, nombreux étaient ceux qui possédaient les bases de la taille de pierre, ne serait-ce que pour faire une face à peu près droite aux pierres des murets…

ELa plupart de ceux qui ont fabriqué ces croix ne travaillaient pas avec des notions de géométrie, mais « à l’œil » d’où la légère asymétrie des croix.